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SISM 2022 : on fait le bilan


10 octobre 2022 09:01

Les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) s’adressent au grand public. Chaque année, citoyens, associations, professionnels organisent des actions d’information et de réflexion dans toute la France. L’OMS estime qu’une personne sur 4 est confrontée au cours de sa vie à une problématique de santé mentale soit de la souffrance psychique soit une pathologie psychiatrique. Cette semaine d’information concerne tout le monde. 
Pour la Réunion, l’Etablissement Public de Santé Mentale Réunion a choisi de l’organiser cette semaine du 03 au 07 octobre. Près de 800 personnes ont participé à l’ensemble de la Semaine d’Information sur la Santé mentale.  

L’avant-première avec le ciné débat 
Le 23 septembre, 120 personnes ont participé au ciné débat avec la diffusion du film « La forêt de mon père » dont le synopsis est : « Gina, 15 ans, grandit dans une famille aimante en lisière de forêt. Elle admire son père Jimmy, imprévisible et fantasque, dont elle est prête à pardonner tous les excès. Jusqu’au jour où la situation devient intenable : Jimmy bascule et le fragile équilibre familial est rompu. (…) ». 
La réalisatrice du film, Véronique Cratzborn présente en visio a pu échanger avec le public. Le ciné-débat  a en effet ouvert le dialogue entre familles, usagers, soignants et étudiants en écoles de soins.  Et le succès fut au rendez-vous, devant une audience de 170 personnes au Mercure Créolia (St Denis).  Merci encore à l’ensemble des organisateurs, partenaires, et à la direction de l’EPSMR, pour la tenue d’un si bel événement

Ouverture avec la thématique de la « Culture à l’hôpital » 

Reportage vidéo en lien ici : YOUTUBE 

Lundi 03 octobre, l’ouverture de la SISM s’est faite sur la thématique de la « Culture à l’hôpital ». Depuis deux ans, grâce aux différents dispositifs mis en place par l’ARS et la DAC Réunion, avec le programme ‘Culture et Santé, par la Région Réunion avec le programme ‘GUETALI’ et le TCO par le biais de l’Ecole Intercommunale de l’Ouest, l’EPSMR a pris l’engagement fort d’intégrer pleinement et développer une politique culturelle au sein de l’établissement. 
Gérard Cotellon, DG de l’ARS Réunion, présent à l’ouverture, a même rappelé une phrase d’Edouard Herriot: « La culture est ce qu’il reste à l’homme quand il a tout oublié ». Il était donc essentiel pour l’EPSMR d’ouvrir cet événement sur la thématique culturelle. 
La table ronde a été composée de : 
•    Guylène Tacoun, Directrice de la Direction des Affaires Culturelles de la Réunion (DAC Réunion) 
•    Marie Hamon, Responsable de la mission Prévention, Culture & santé à l’ARS 
•    Olivier Mussard, Responsable pédagogique et artistique à l’Ecole Artistique Intercommunale de l’Ouest (EAIO)
•    Lydie Delgard, Responsable du dispositif Guetali à la Région Réunion 
•    Jérome Sachet, professionnel de l’Equipe d’Activités Occupationnelles de l’EPSMR 
•    Diane Payet et Franck Saint Lambert, cadres des unités Vanille et Zevi de l’EPSMR 
•    Yann Brassoud, cadre de la Maison des adolescents 
•    Dr Ernould, pédiatre du CHOR 
•    Des artistes : 
o    Kafmaron, atelier maloya 
o    Gael Velleyen, atelier de musique et d’écriture 
o    Elodie Beucher, manager d’une compagnie de danse et de dessin

«La culture donne une pulsion de vie aux patients » déclare Diane Payet. En effet il est ressorti de la table ronde tous les bienfaits des activités culturelles sur les patients en santé mentale. « Par exemple la musique, cela touche le patient par les mots, par les harmonies, par les émotions… » …  « L’art, la musique, la danse ou le chant sont des techniques thérapeutiques qui donnent une affirmation de soi aux jeunes ou adultes qui sont en difficultés. On a pu voir par exemple des adolescents changer positivement au fil des ateliers » explique Dr Ernould. 
C’est enrichissant aussi pour les artistes « les intervenants ressortent à chaque fois touchés et s’enrichissent énormément dans l’évolution de la leur discipline » relate Elodie Beucher. Idriss de Kafmaron raconte lui : «L’expérience a été surprenante pour moi la première fois car le public est intergénérationnel et diversifié. La santé mentale touche tout le monde. Le jour de mon concert donné en intra à l’EPSMR, les patients sont venus sur scène, et ont commencé à diriger les musiciens. Ma la assiz ek toute de moun é ma la assist à mon prop konser. »
La table ronde a été très enrichissante et surtout concluante. En effet, il a été conclu que le travail partenarial était indispensable pour faire évoluer les projets. Il sera d’ailleurs envisagé de monter une maison de la culture à l’intérieur des murs de l’EPSMR où pourront se produire des résidences d’artistes. La DAC Réunion a aussi rappelé l’objectif de mettre en place un label Culture. «On construit ensemble pour l’autre » a déclaré Guylène Tacoun. 

Jour 2 : Les jeunes en santé mentale 

Mardi 04 octobre, la table ronde portait sur la thématique des jeunes en santé mentale, tout en raccrochant au fil conducteur de la semaine, la culture. 
Cette thématique représente un enjeu important à aborder car les jeunes sont les adultes de demain et c’est l’avenir de notre société est en jeu à travers le bien être des jeunes. Pour traiter de cette question ont été présents : 
-    Les artistes : 
o    Zanmari Baré : atelier de musique, maloya et écriture 
o    Eric Naminso : atelier d’écriture fonnker
o    Olivier Néry : atelier street art et graph 
-    Dr Jean Baptiste : psychiatre de l’EPSMR 
-    Prisca Vidot : psychologue de la Maison des ados
-    Dominique Koytcha : assistante sociale de la maison des ados 
-    Yoann Briand : infirmier du dispositif Kozé Jeunes 
« La musique est une clé universelle pour entrer dans l’univers de l’adolescent. Les jeunes avec qui j’ai travaillé m’ont donné la place de travailler avec eux» explique Zanmari Baré. « La musique donne l’occasion aux patients de s’ouvrir à l’autre ». Eric Naminzo lui raconte « j’interviens avec le mot et le son, et surtout avec un ancrage local. La puissance du mot dans son coté poétique et artistique. Quand on met la musique, on arrive à créer du lien. » 
Olivier Néry, grapheur est lui intervenu dans des ateliers de street art à la Maison des adolescents. « J’essaie de faire ressortir leur personnalité à travers leur dessin, l’idée est de travailler ainsi la valorisation de soi, la confiance par rapport à soi-même et ‘l’ouverture à l’autre » 
Du côté des professionnels de la MDA, « l’art fait partie de la vie et l’art est un moyen fondamental pour aider les gens en général. Il faut savoir que l’art thérapie est le traitement numéro 1 auprès des jeunes, bien avant les médicaments » explique Dr Jean Baptiste. En effet une patiente adolescente présente a témoigné : « j’ai participé à des ateliers avec la MDA ; j’ai beaucoup appris sur moi en tant qu’adolescente et cela m’a aidé dans ma construction. Cela a été un soutien pour apprendre à gérer mes émotions. A travers ces ateliers j’ai découvert une nouvelle passion, c’est l’écriture en créole pour écrire mes émotions. » 
Enfin, l’angle de la prévention a été abordée, car la question du repérage chez les jeunes sont primordiaux. Un des dispositifs de l’EPSMR est la ligne d’écoute et d’orientation santé Koze jeunes pour les 12 à 25 ans. « Il est important d’aller à la rencontre des jeunes et par exemple de faire appel aux artistes connus pour impliquer les jeunes dans le dispositif », explique Yoann Briand. Le projet est de travailler l’accroche et sera donc de créer une chanson sur Kozé jeunes avec un artiste et de créer un lien plus fort avec les jeunes en étant présent sur les réseaux sociaux. 

Jour 3 : Les usagers et leurs droits 

La table ronde a abordé le sujet sous l’angle de : ‘La culture est un droit fondamental de l’être humain. Au-delà du droit commun, c’est un droit humain.’ Tous les autres droits ont aussi été évoqués : les droits fondamentaux : droit au respect, au culte ou le droit à l’information, mais aussi l’accès aux soins, l’accès à l’emploi et au logement. Pour discuter de ce sujet : 
- Hélène Chusseau : Pair-aidante à l’EPSMR 
- Laure Sabban : responsable de la Maison des usagers de l’EPSMR
- Marylène Singabrayen Tampigny : déléguée régionale de l’UNAFAM et représentante des usagers 
- Rivière Dessodt : représentant la CAF 
Hélène Chusseau a abordé le thème en relatant sa propre expérience en hospitalisation « l’information c’est le pouvoir et pour reprendre le pouvoir sur sa vie il faut connaitre sa maladie, ses soins… c’est s’informer. Avoir toutes les informations c’est se saisir de sa vie pour réussir à se rétablir »
« La maison des usagers met à disposition des patients et familles des outils, des plaquettes d’information, pour accompagner les personnes en fonction de leur demande et de leurs besoins, sur le temps de l’hospitalisation mais pas que. » explique Laure Sabban. «Avant d’être patient on est citoyen et un patient qui connait ses droits est un patient plus fort, qui peut mobiliser plus de ressources et les bonnes personnes pour l’accompagner dans sa prise en charge. […] Nous avons des permanences associatives, un guichet unique avec la CAF, des permanences juridiques, de pair-aidant… »
D’ailleurs l’UNAFAM dont le but est d’accompagner les familles de patients en santé mentale organise aussi des groupes de paroles, reçoit et informe les familles, organise des journées d’information… 
Il a été conclu qu’en travaillant étroitement en collaboration avec les usagers, l’accès aux droits a beaucoup évolué ces dernières années et l’EPSMR souhaite continuer sur cette voie.

Jour 4 : Aller vers et à la ville 

La problématique du logement, du retour à la maison après l’hospitalisation et de la précarité a été discutée avec autour de la table : 
-    Anthony SERAPHIN : coordonnateur des assistants sociaux de l’EPSMR 
-    Nathalie Laot : Association Alon déor 
-    Nicolas Denjean de la Kaz'oté
-    Sandrine Landon du Care
-    Velio Aurélie + Coquemont + Robin de l’Equipe mobile de précarité

Il a été question d’aborder les sujets de la sécurisation de la sortie d’hospitalisation des patients, de leur réinsertion dans leur vie après son hospitalisation, l’accès au logement, leur ouverture à la cité et leur réinsertion psychosociale. 
« Quand le patient reprend le pouvoir sur sa vie, qu’il s’occupe de lui, qu’il reprend un quotidien classique, qu’il travaille, qu’il a un logement etc… il prend conscience de sa reprise de vie » 

Nicolas Denjean explique «Aller vers le patient, on essaie de le faire le plus possible. Former et sensibiliser les structures de première ligne : structures d’hébergement, écoles… ou casser les préjugés c’est un travail nécessaire au quotidien. Cela doit être une démarche communautaire que d’accompagner un malade en santé mentale dans son quotidien hors hospitalisation. » 

Jour 5 : La 1ère Journée Réunionnaise de Prévention du Suicide 

La 1ère édition de cette journée a été un succès en attirant près de 200 professionnels de santé. 

Le Centre Régional de Prévention du Suicide (CRPS) de l’EPSMR a organisé, la 1ère journée réunionnaise de prévention du suicide, en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé de La Réunion.
A l’occasion de la venue des équipes nationales qui font référence dans le champ de la suicidologie, le CRPS a souhaité donner l’opportunité aux professionnels réunionnais de participer à des temps de présentation et des ateliers thématiques sur une journée. 
Cet événement a été aussi l’occasion pour le CRPS de pouvoir expliciter ses missions et détailler l’ensemble de ses actions. Mais aussi de donner accès aux participants à une information actualisée dans un champ en pleine expansion avec la mise en place de nouveaux dispositifs (3114, programme Papageno…). 

Pour conclure la Semaine a été dense et riche en échanges. Elle a permis de faire rencontrer le monde de la santé mentale au grand public et aussi de travailler le réseau de professionnels pour monter des projets au service des patients. Rendez-vous l’année prochaine ! 

 

 

A propos des SISM 
Créées en 1990, les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) sont une manifestation annuelle coordonnée par un collectif de 23 partenaires. Chaque année, un nouveau thème est proposé afin qu’associations, citoyens, usagers et professionnels se mobilisent et organisent des actions d’information et de réflexion dans toute la France.

LES CINQ OBJECTIFS DES SISM 

1. SENSIBILISER le public aux questions de Santé mentale. 
2. INFORMER, à partir du thème annuel, sur les différentes approches de la Santé mentale. 
3. RASSEMBLER par cet effort de communication, acteurs et spectateurs des manifestations, professionnels et usagers de la santé mentale. 
4. AIDER au développement des réseaux de solidarité, de réflexion et de soin en santé mentale. 
5. FAIRE CONNAÎTRE les lieux, les moyens et les personnes pouvant apporter un soutien ou une information de proximité.